Le brame du cerf : la Quête du Râle
Le brame du cerf : la Quête du Râle
J'avais oublié dans mes évaluations des nuisances liées au calendrier (telle la chasse à l'isard), ce fameux brame que des foules illuminées et ébahies viennent guetter, comme l'apparition du Graal pour les chevaliers de la table ronde. Ce qui signifie l'envahissement systématique, entre le 15 septembre et le 15 octobre (les cerfs sont des obsédés de la ponctualité reproductive, notons-le, ils copulent avec un almanach entre les cors), de tout refuge, abri, recoin, poste d'affût permettant l'audition d'un animal sauvage en rut... On pourra méditer à loisir quant aux effets résolument contradictoires, envers la supposée "tranquillité de la faune sauvage" (invoquée à l'envi par les autorités de tutelle, et que l'hypocrisie "écologique" se garde bien de stigmatiser...), d'une présence humaine massive et extatique espionnant les manifestations préparatoires au coït d'ongulés qui se passeraient sûrement très bien d'un pareil succès.
Mieux vaut être ailleurs donc, sauf si on est soi-même amateur de pornographie zoologique. Il est heureux que les sangliers, marmottes, loirs, taureaux, ânes, boucs et autres mammifères de sexe mâle ne soient pas sujets à de semblables manifestations sonores : Où irait-on sinon pour être tranquille ...? Etant en apparence moins prétentieux que les cerfs, leurs ardeurs se déploient de manière plus discrète.
Ces remarques offrent, de surcroît, l'occasion de vérifier que les bêtes se cachent en général pour se livrer à leurs ébats sexuels et que la pudeur semble consubstantielle à ce que la Nature (par ailleurs tant vantée) montre d'elle-même. Contrairement aux humains qui s'exhibent de plus en plus et par tous les moyens (sonores, photographiques, informatiques, etc.), en venant désormais à exiger que l'ensemble du monde sensible se soumette à ce nouvel impératif catégorique : montrer et se montrer, avec l'exigence corollaire de pouvoir tout voir partout.
On situe aisément sur l'échelle du temps imparti à une vie humaine ce stade précis du développement psychique dans l'âge des individus : en gros entre deux et quatre ans. Symptôme qui semble confirmer la tendance de plus en plus infantile de nos sociétés technologiquement avancées et que les soi-disant "arriérés" de la planète méprisent (à juste titre) déjà assez...
Fermez le ban.
Mieux vaut être ailleurs donc, sauf si on est soi-même amateur de pornographie zoologique. Il est heureux que les sangliers, marmottes, loirs, taureaux, ânes, boucs et autres mammifères de sexe mâle ne soient pas sujets à de semblables manifestations sonores : Où irait-on sinon pour être tranquille ...? Etant en apparence moins prétentieux que les cerfs, leurs ardeurs se déploient de manière plus discrète.
Ces remarques offrent, de surcroît, l'occasion de vérifier que les bêtes se cachent en général pour se livrer à leurs ébats sexuels et que la pudeur semble consubstantielle à ce que la Nature (par ailleurs tant vantée) montre d'elle-même. Contrairement aux humains qui s'exhibent de plus en plus et par tous les moyens (sonores, photographiques, informatiques, etc.), en venant désormais à exiger que l'ensemble du monde sensible se soumette à ce nouvel impératif catégorique : montrer et se montrer, avec l'exigence corollaire de pouvoir tout voir partout.
On situe aisément sur l'échelle du temps imparti à une vie humaine ce stade précis du développement psychique dans l'âge des individus : en gros entre deux et quatre ans. Symptôme qui semble confirmer la tendance de plus en plus infantile de nos sociétés technologiquement avancées et que les soi-disant "arriérés" de la planète méprisent (à juste titre) déjà assez...
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On peut aussi comprendre cet engouement autrement...
Certains ne voient et ne touchent des animaux d'élevage (poules ou vaches...) qu'à l'occasion du salon de l’agriculture... Tous les animaux qui ne sont pas de compagnie et qui ne résident pas dans un zoo ne sont "connus" que sur papier, en image... et donc en entendre un, ou en voir un en vrai... quelle découverte, quelle aventure ! Au zoo, les animaux sont désabusés (pour ne pas dire dé-naturés).
Qui a déjà entendue une sérénade de loups à part dans les films (ça glace le sang) ? Entendu grogner un sanglier mécontent que vous ayez planté votre tente sur son trajet (on refait pas deux fois l'erreur...)? Un chevreuil surpris aboyer en fuyant parce qu'il ne vous a pas senti et entendu venir ? Les citadins, ceux-là même qui se pressent dans les refuges pour écouter "sur rendez-vous" un cri bestial, un vrai. Pas sûr qu'ils aillent cependant s'aventurer sur un grand périmètre autour du refuge... Ah le grand frisson du cerf qui brame !
Comment expliquer cette joie intérieure indicible que l'on ressent lorsqu'on aperçoit même fugacement un grand animal ?
Certains ne voient et ne touchent des animaux d'élevage (poules ou vaches...) qu'à l'occasion du salon de l’agriculture... Tous les animaux qui ne sont pas de compagnie et qui ne résident pas dans un zoo ne sont "connus" que sur papier, en image... et donc en entendre un, ou en voir un en vrai... quelle découverte, quelle aventure ! Au zoo, les animaux sont désabusés (pour ne pas dire dé-naturés).
Qui a déjà entendue une sérénade de loups à part dans les films (ça glace le sang) ? Entendu grogner un sanglier mécontent que vous ayez planté votre tente sur son trajet (on refait pas deux fois l'erreur...)? Un chevreuil surpris aboyer en fuyant parce qu'il ne vous a pas senti et entendu venir ? Les citadins, ceux-là même qui se pressent dans les refuges pour écouter "sur rendez-vous" un cri bestial, un vrai. Pas sûr qu'ils aillent cependant s'aventurer sur un grand périmètre autour du refuge... Ah le grand frisson du cerf qui brame !
Comment expliquer cette joie intérieure indicible que l'on ressent lorsqu'on aperçoit même fugacement un grand animal ?
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Certes, mais l'effet que tu cites a plusieurs causes associées, mais non obligatoirement superposables et la plupart du temps inconscientes aux protagonistes eux-mêmes :Charlinette a écrit :On peut aussi comprendre cet engouement autrement...
Comment expliquer cette joie intérieure indicible que l'on ressent lorsqu'on aperçoit même fugacement un grand animal ?
- la satisfaction esthétique,
- le rappel d'un "état de nature" dont nous ne faisons plus partie,
- l'instinct de survie, donc un statut de proie/prédateur avec ses images/impressions ayant marqué l'espèce depuis toujours et qui renaissent en certaines occasions,
- les effets de mode, et le conformisme.
A mon avis le dernier facteur l'emporte chez plus de la moitié du public concerné.
Bizarrement, alors que je randonnais dans la forêt de Rambouillet il y a déjà longtemps (où brament aussi les cerfs), je n'ai jamais connu pareils rassemblements.
Mais tu auras lu aussi entre les lignes... le brame n'est que le prétexte (fondé à mes yeux)...
Modifié en dernier par Claude Mauguier le 12 mars 2013, 11:17, modifié 1 fois.
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Ce pourrait être aussi "Le cerf existe ! Je l'ai vu ! De mes yeux vus !" un peu comme rencontrer... Dieu ? un OVNI ? Ah ben oui, il a raison,Charlinette a écrit : Comment expliquer cette joie intérieure indicible que l'on ressent lorsqu'on aperçoit même fugacement un grand animal ?
une foule de saint Thomas quoi... Je ne crois pas que la vente des DVD sur la vie des animaux ait récemment explosé... Je plaisante mais je suis d'accord avec ce que dit l’invité... mais pas que......des foules illuminées et ébahies ... une présence humaine... extatique...
Je suis aussi tout à fait d'accord avec cet effet de mode... la randonnée aussi d'ailleurs est à la mode (mais sans dénivelé, sans pluie ni neige, ni trop de soleil, avec chauffage, matelas... et c'est quoi la marque de ton pantalon ? de ton sac à dos ? et tes grolles ? Il est où le plus beau point de vue ? Et pour marcher sans rencontrer personne, on va où ? 30, 40 ou 50 km à la journée ? parce que moins de 15, je viens pas ... OK, je sors... )
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Puisque je vois que tu ne maîtrises pas toutes les nuances de la langue bobo, je traduis.Charlinette a écrit :Ce pourrait être aussi "Le cerf existe ! Je l'ai vu ! De mes yeux vus !" un peu comme rencontrer... Dieu ? un OVNI ? Ah ben oui, il a raison
On dit : <<On a "fait" le brame du cerf>>
Dominique http://chemineur.fr
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On en reparlera quand tu auras croisé unCharlinette a écrit : Comment expliquer cette joie intérieure indicible que l'on ressent lorsqu'on aperçoit même fugacement un grand animal ?
L'envie qui te prend n'est pas à proprement parler "fugace"
Modifié en dernier par Claude Mauguier le 17 janv. 2017, 17:36, modifié 1 fois.
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Surement autant que quand on se fait charger par un taureau... ou lorsque la nuit une vache a décidé d'aller brouter l'herbe derrière ta tente et qu'elle fait sauter une à une les cordes de la tente dans laquelle tu dors pour ce faire... va te rendormir après... Enfin je compare avec ce que connais. L'ours, je n'ai pas encore vécu.Claude Mauguier a écrit :
L'envie qui te prend n'est pas à proprement parler "fugace"
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Il y a moins balourd que les vaches, mais aussi ch.... : les chevaux, munis de cloches dans les Pyrénées ariégeoises et qui broutent toute la nuit autour de la tente ou de la cabane....ding-dong, ding-dong..............Charlinette a écrit :Surement autant que quand on se fait charger par un taureau... ou lorsque la nuit une vache a décidé d'aller brouter l'herbe derrière ta tente et qu'elle fait sauter une à une les cordes de la tente dans laquelle tu dors pour ce faire... va te rendormir après... Enfin je compare avec ce que connais. L'ours, je n'ai pas encore vécu.Claude Mauguier a écrit :
L'envie qui te prend n'est pas à proprement parler "fugace"
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tout comme le hibou qui hulule au dessus de ta tente... ou le sangler en mal d'amour... Le dernière fois, on entendait juste devant nous, dans la purée de pois de Malatra, une laie qui traversait la route (on le devinait au son) appelant son marcassin qui lui répondait, histoire de ne pas se perdre "de vue"...
En fait, en randonnée, je crains plus les chasseurs et leurs chiens excités que les animaux sauvages... J'ai même connu la chasse à courre lorsque le troupeau affolés de cerfs et de biches te passe devant (vite un arbre !)... et suivi par la cavalcade de chasseurs et leur meute de chiens, au son du cor de chasse... "Restez pas là Madame !"... ah ? et je suis sensée disparaître où et comment ? ... mais bon, c'est une autre histoire.
En fait, en randonnée, je crains plus les chasseurs et leurs chiens excités que les animaux sauvages... J'ai même connu la chasse à courre lorsque le troupeau affolés de cerfs et de biches te passe devant (vite un arbre !)... et suivi par la cavalcade de chasseurs et leur meute de chiens, au son du cor de chasse... "Restez pas là Madame !"... ah ? et je suis sensée disparaître où et comment ? ... mais bon, c'est une autre histoire.